Jeunes en librairie : rencontre avec Olivier Belhomme éditeur

Actualités, Découverte ,

Tout au long du mois de mai, les élèves de 4e de l’atelier Jeunes en librairie ont rencontré des professionnels des métiers du livre : parmi eux Olivier Belhomme éditeur aux éditions L’atelier du poisson soluble.

Depuis quand faites vous ce métier ?

Cela fait 34 ans.

Aimez-vous votre métier ?

J’aime beaucoup mon métier oui. Il y a plein de bons côtés. L’éditeur c’est un peu un chef d’orchestre qui dit à tout le monde ce qu’il faut faire. Ce que j’aime le plus c’est accompagner les créateurs dans la réalisation du projet. Cette étape m’intéresse beaucoup. C’est un travail de sage-femme : faire accoucher les idées.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

J’ai commencé ce métier par hasard. J’étais au lycée et je m’ennuyais. Alors après les cours j’allais place de Jaude à Clermont raconter des histoires. J’ai rencontré un autre élève qui s’ennuyait lui aussi et qui faisait de la peinture. On a eu l’idée de créer des planches illustrées de mes histoires. On en a fait 24. Puis on est parti les jouer dans les écoles. On a donc créé une association et le conseil régional a financé l’impression de notre premier album. C’est à ce moment que j’ai débuté mon métier d’éditeur.

Quelles études faut-il faire pour devenir éditeur ?

J’ai appris mon métier en le faisant. Après aujourd’hui il faut faire un IUT métiers du livre puis une spécialité éditeur, puis une licence métiers du livre et un Master édition.

Comment avez-vous choisi le nom de la maison d’édition ?

Le nom Poisson Soluble vient d’un recueil de poèmes d’André Breton, auteur surréaliste.

Avez-vous un logo pour vos éditions ?

On ne parle pas de logo mais d’identité visuelle. Liée au nom de notre maison d’édition.

Qui sont vos collaborateurs ?

Nous avons longtemps été deux. J’étais en parallèle conteur et lui graphiste. Puis nous avons voulu professionnaliser notre activité, nous nous sommes développés. Nous avons recruté une assistante d’édition, puis des représentants qui sillonnaient la France, une préparatrice de commandes. Depuis quatre ans nous externalisons les activités de distribution et de diffusion. De temps en temps on embauche des collaborateurs comme un attaché de presse, une correctrice, un représentant des droits étrangers (qui se déplacent pour vendre les droits dans d’autres pays) En retour nous touchons des droits (Royal ties)

Combien de livres publiez-vous chaque année ?

J’en publie six. Pour chaque livre je fais l’attaché de presse. Je sais déjà ce qui va être publié l’an prochain.

Recevez-vous beaucoup de demandes de publication ?

Je reçois une trentaine de propositions par semaine

Comment choisissez-vous les livres qui vont être publiés ?

Chaque éditeur a une ligne éditoriale. Dans les propositions que je reçois il y a des mauvaises choses, que je ne garde pas, et des choses de bonne qualité mais qui ne me plaisent pas. On fonctionne beaucoup au coup de cœur. Ce sont les choses qui sont un peu inclassables qui me plaisent. Peu importe à qui cela s’adresse. Je n’ai jamais eu envie de publier des contes. Je publie des albums essentiellement. Par contre j’ai publié une adaptation d’un conte « Bou et les trois ours » parce que la langue utilisée dans cette histoire est un mélange de diverses langues : l’occitan, l’espéranto, l’italien, le capverdien… et que je trouvais ça drôle.

(Lecture d’un extrait de l’album Bou et les trois ours)

Combien de temps s’écoule entre la demande de publication et l’arrivée du livre dans la librairie ?

Il n’y a pas de règle. Dans un premier temps j’échange avec l’auteur. Ça peut être plus ou moins long. De la même manière avec l’illustrateur. Toutes les étapes prennent du temps. Le délai le plus court est de quatre mois si le projet est prêt à être publié. De la même manière si la maquette est prête, ça va plus vite.

Quels types de livres publiez-vous ?

Plutôt des albums et des bandes dessinées.

Quel pourcentage gagnez-vous sur la vente d’un livre ?

Le prix indiqué sur le livre est fixé par l’éditeur. Là dessus il y a 5,5 % de TVA, l’auteur et l’illustrateur touchent environ 4 % chacun (chez nous), le libraire gagne 35 % sur chaque livre, le diffuseur et le distributeur 20 %. L’imprimeur est payé en fonction du nombre d’exemplaire qu’il fabrique (1/7e du prix du livre). Donc l’éditeur gagne en théorie 12 %. C’est une maison d’édition qui fait peu de bénéfices, qui publie peu de livres, difficiles à vendre.

Quel est votre salaire ?

Pendant longtemps mon salaire était de 1600 euros. Pour mes collaborateurs, il existe une convention collective leur garantissant des revenus plus confortables.

Quel est le livre que vous avez publié qui a remporté le plus de succès ?

C’est Bou et les trois ours. Nous en avons vendu 30 000 exemplaires. Par comparaison un gros succès en librairie se vend à 1 000 000 d’exemplaires.

L’album qui s’est le plus distingué c’est Le tracas de Blaise qui a remporté le prix Pépites au salon du livre de Montreuil.

Avez-vous un site internet ?

Oui biensûr : poissonsoluble.com

Quel est votre publication préférée ?

Je n’ai pas de livre préféré. Nous fonctionnons par coup de coeur. Mais je peux vous citer celui-ci par exemple Big bang pop de Claire Cantet. (Lecture de l’album) C’est très difficile de faire un album pour enfant original.

Quel est votre auteur préféré ?

Je n’ai pas non plus d’auteur préféré. Il y a tout de même des auteurs avec lesquels on aime travailler comme Yann Fastier et Claire Cantet.

Quel auteur rêveriez-vous de publier ?

Je reçois autant de propositions d’auteurs connus que d’inconnus. Je m’intéresse davantage aux livres.